Cela fait bien 15 ans que j'utilise exclusivement des chaussures minimalistes pour faire mon jogging. Et pas n'importe lesquelles : des FiveFingers qui, comme leur nom l'indique, ressemble plus à des gants pour les pieds qu'à des chaussures. Oui, autant le dire tout de suite, on a l'air… différent quand on les porte. En tout cas, on sent souvent le regard des autres : interrogateur, intéressé, moqueur. Et c'est bien la moquerie qui m'est venu naturellement la première fois que j'ai vu une photo comme celle-ci qui illustre ce billet. Et si c'est la moquerie qui vous vient à l'esprit aussi, je vous ferais la même réponse que celle d'un ami sur Facebook à l'époque : au lieu de te moquer, tu devrais essayer. C'est ce que j'ai fait… et je ne suis jamais revenu en arrière.
Le principe des chaussures minimalistes ? Revenir à une course plus naturelle, c’est-à-dire comme si on courrait pieds nus. Pour vous rendre compte de la différence, essayez simplement quelques enjambées chez vous dans votre salon : avec des chaussures de jogging on attaque franchement avec le talon, bien protégé par une épaisse semelle. Si vous êtes pieds nus, impossible de poser le talon en premier, ce serait bien trop douloureux. On s'aperçoit que l'on court naturellement le pied plus à plat, presque en posant la pointe des pieds d'abord, si on force un peu le trait. Surtout, la jambe reste toujours fléchie légèrement et c'est elle qui amortit le plus le chocs de la course. Alors qu'avec des chaussures de jogging, on a tendance à poser le talon en ayant la jambe tendue.
Cette manière de courir pieds nus ne convient pas à tout le monde et, n'étant pas médecin, je ne donne de conseil à personne. C'est la façon de courir qui me convient et qui a résolu il y a bien longtemps les problèmes de genoux que j'avais avant d'adopter ce genre de chaussures.
On comprend facilement que pour conserver la sensation « pieds nus » il faut que la semelle soit très fine, tout en étant suffisamment résistante pour tout de même protéger la plante forcément délicate de nos pauvres pieds de citadins. Je ne sais pas pour vous, mais je ne marche jamais pieds nus en dehors de chez moi. Si vous allez regarder du côté du site de Vibram, fameux fabricant de semelles pour chaussures de randonnées (mais si vous avez forcément déjà vu leur logo jaune à huit faces en forme de pastille de Vichy), vous verrez qu'il y a toute une gamme de FiveFingers qui se différencient notamment par l'épaisseur de la semelle, qui ne dépasse jamais quelques millimètres cela dit.
Ayant besoin de changer ma dernière paire qui avait fini par se percer après plusieurs années de bons et loyaux services, j'ai opté pour le modèle KSO EVO ECO (ici sur le site 5doigts.fr, spécialiste des chaussures minimalistes). Plusieurs raisons à ça. D'abord l'actuel manque de stocks en France de ce fabricant italien comme le l'a raconté la propriétaire de la boutique qui m'a vendu la paire (le Sens de la Marche à Toulouse). Et aussi, je souhaitais la semelle le plus fine possible pour le maximum de sensation. Et là, j'ai été servi : la semelle des KSO EVO n'est épaisse que de 3 mm.
Et là rien à dire, les sensations sont là… et même un peu trop. Quand on court sur le trottoir ou la route, pas de problème. Mais quand on passe par des chemins un peu caillouteux, aïe. À la fin de ma première course avec mes KSO toutes neuves, j'ai commencé à me poser des questions. Avais-je fait une erreur ? Aurais-je du prendre des V-Trail avec une semelle de 5mm ? Tiens, et si j'ajoutais une semelle justement ?
Une rapide recherche sur Internet m'a montré qu'on ne trouvait pas si facilement des semelles internes pour des chaussures à doigts de pied. Et aussi que c'était plutôt mal vu de la part de certains adeptes du minimalisme, prompts à déclarer que l'ajout d'une semelle allait justement à l'encontre du principe. Qu'à cela ne tienne, je pouvais toujours essayer. J'ai donc acheté une paire de semelles intérieures très fines. Naturellement, elles ne pouvaient pas rentrer tel quel dans mes chaussures. Pas de problème : une petite découpe et le tour était joué. Et l'autre avantage c'est que si ça marche, je pourrai facilement retirer les semelles après chaque utilisation pour mieux aérer les chaussures.
Et je vous confirme que ça va beaucoup mieux : j'écris ce billet juste après un petit 4 km, sur route et chemin, et quel pied !